vendredi 5 octobre 2012

Bande son

J'ai vu il y a deux jours le dernier épisode de la série Weeds. Quand je dis le dernier, au cas où vous ne le sauriez pas, ce n'est pas le dernier en date mais le dernier tout court puisqu'il venait boucler la huitième et finale saison. Et si vous êtes dans le cas (où vous ne le sauriez pas), je vous encourage vivement à voir Weeds. Mais qu'est-ce que ça vient faire ici, allez-vous me demander, question à laquelle j'ai moi-même cherché une réponse car si j'avais envie de parler de ce dernier épisode, je ne savais pas, ici, comment l'introduire. La réponse était pourtant sous mes yeux, on ne peut plus criante surtout concernant Weeds. Pour qui a vu Weeds, la série sera toujours liée au Little Boxes de Malvina Reynolds qui lui servait de générique. C'était une sorte de signature musicale qui, d'entrée, vous plongeait dans l'atmosphère de la série. Et les séries américaines ne se sont pas gênées pour user de la musique pour installer des ambiances, comprenant l'importance de celle ci quand on déroule encore de la musique d'ascenceur sur Joséphine ange gardien, Julie Lescaut et autres séries made in France. Preuve de cet interêt que portent les séries à leurs musiques et, au-delà, aux musiciens, les producteurs de Weeds ont, dès la deuxième saison, demandaient à des musiciens (parmi lesquels Elvis Costello, Death Cab For Cutie ou Regina Spektor) d'enregistrer chacun leurs versions de Little Boxes, pour un générique qui, s'il était le même, changeait donc d'une semaine à l'autre (les différentes versions sont regroupées dans la version ci-dessous).



Certaines musiques sont ainsi indissociables des séries auxquelles elles sont liées et mon goût pour telle ou telle série indissociable sans doute de l'attention portée à la musique. J'en veux pour preuve mon attachement à Grey's Anatomy, qui n'est pas la meilleure série du monde mais est tout de même une série dont je raffole depuis huit ans, m'apprêtant à rentrer dans la neuvième saison déjà. Pourtant j'ai bien des reproches à adresser à la série de Shonda Rhimes : ça finit par tourner en rond, l'héroïne est quand même l'un des points les plus faiblards, etc... A la vue du tracklisting des différents épisodes, ca ne m'est pas difficile de comprendre pourquoi je reste un fan de la série médicale tant les chansons semblent avoir été rassemblées par un fan obsessionnel de musique. En regardant Grey's Anatomy, j'ai découvert des artistes que je ne connaissais pas comme Psapp qui a composé le générique.

Psapp - Cosy in the rocket by www.drago.mobi

Mais aussi Kate Havnevik. Kate Havnevik est l'artiste qui représente le mieux l'univers musical de Grey's Anatomy. On retrouve pas moins de 8 de ses chansons au générique de différents épisodes, ce qui est énorme, considérant que Kate Havnevik n'a sorti à ce jour que deux albums ! Mais ce n'est pas seulement le fait d'avoir déniché cette artiste norvégienne inconnue jusqu'alors que j'admire mais l'utilisation qui est faite de sa musique. Dans l'extrait du neuvième épisode de la troisième saison qui suit, on a l'impression que c'est la musique (qui apparaît à 45" du début) qui conduit tout le reste.



 De manière plus évidente, dans l'épisode chanté de Grey's Anatomy (18ème épisode de la 7ème saison pour les documentalistes), c'est un autre titre de Kate Havnevik, Grace, que reprend Sara Ramirez qui interprète le personnage de Calie dans la série



La musique dans cette série et dans les séries en général participent à l'émotion qu'elle (la série, pas la musique, vous suivez ?) me procure. Le top du top, dans ce mariage de la musique, des images et des émotions restant pour moi l'utilisation de Breathe Me de Sia sur le final de Six Feet Under, où l'on voit mourir un à un les personnages de la série dans une scène de flash forward magistralement exécutée et ô combien poignante (je me souviens avoir pleuré tout du long quand je l'ai vue la première fois, puis une heure durant après visionnage et ai encore les larmes qui montent aux yeux quand je la vois maintenant).



Une chanson bien choisie me met en quelques secondes dans l'ambiance dans la série. Par exemple, je suis tout de suite sous tension avec le générique de Damages, When I Am Through signé The VLA avec ses paroles répétées adnauséum : "When I am through with you / There won't be anything left (Quand j'en aurais fini avec toi / Il ne restera plus rien)"



Mieux encore, j'ai découvert récemment l'excellente série suédo-danoise The Bridge (Bron/Broën en VO) et le générique m'a non seulement instantanément mis dans l'ambiance, mais m'a fait m'accrocher à la série (il fallait avoir envie quand même de la regarder, comme ce fut mon cas, en suédois et danois, le tout sous titré en anglais !) et j'ai, bien sûr, immédiatement voulu savoir qui chantait et découvert du même coup Choir of Young Believers, artiste danois dont la chanson s'intitule Hollow Talk.



Mais revenons en au dernier épisode de Weeds. Dans un flash forward là encore mais qui dure cette fois tout l'épisode, on se retrouve avec les personnages plus d'une dizaine d'années plus tard et on les découvre cabossés par la vie, finalement plus très beaux à voir, et l'on en veut à la scénariste Jenji Kohan de tirer ainsi sa révérence aux personnages qui l'ont fait pourtant connaître des téléspectateurs, et auxquels, du même coup, elle devait me semble-t-il, un peu plus de respect, ou tout du moins, une fin moins en eau de boudin que celle-ci rythmée par le plutôt moyen, à mon goût, With Arms Outstretched de Rilo Kiley, inconnue à mon bataillon et qui le restera, du coup, jusqu'à prochain ordre (et, oui, d'accord, ma phrase était un peu longue).



On sent bien l'effet recherché, façon, justement, Six Feet Under. Mais quand Alan Ball clôt Six Feet Under, au moins a-t-il la décence de tuer (au sens propre comme figurer) dignement tous ses personnages. Ce n'est pas la première fois qu'un auteur fait du mal à des personnages que j'aime : j'avais eu la même impression en lisant Les chroniques de San Franciso d'Armistead Maupin ou Les chroniques du plateau Mont Royal de Michel Tremblay. Si comme l'écrit Martin Winckler dans son livre qu'il consacre aux séries (américaines), celle-ci sont "les miroirs de la vie", pourquoi nous présenter ce sale reflet de nous mêmes ? J'imagine qu'à la manière du chanteur qui chante depuis des années la même chanson parce que c'est son seul tube, la chanson que lui demande son public, l'auteur finit par se lasser de ce qui a fait son succès. Par exemple, si The Rembrandts existent toujours aujourd'hui, m'est avis qu'ils doivent en avoir sacrément marre de chanter I'll be there for you.

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